Et l’unité nationale bordel !

Ce dimanche 11 janvier aura vu une mobilisation sans précédent du peuple français, plus de 4 millions de nos concitoyens sont descendus dans la rue pour exprimer leur indignation, leur soutien aux victimes et tant d’autres choses. C’est ce que l’on a appelé l’unité nationale. Unité dans le deuil oui, unité d’une nation non. Un tel mouvement est indispensable car il est un outil du deuil et un hommage nécessaire aux victimes, de là à en déduire qu’une unité nationale a été retrouvée le raccourci est trop facile pour ceux qui en ont été les fossoyeurs.

Unité nationale sur l’expression du deuil ? #JeSuisCharlie a connu un engouement inédit. L’émotion a pris le pas sur la raison. A titre personnel, je ne suis pas Charlie, mais j’aurai pu l’être, Charlie est un adversaire idéologique qui abhorre ce que je suis, et j’abhorre ce qu’il produit, mais nous avons une chose en commun, la liberté d’expression que nous accorde la République. C’est à ce titre que Charlie est aussi exaspérant qu’il est indispensable. Je me pose simplement la question de savoir si l’engouement aurait été tel s’il s’était agit de « Minute », si les victimes avaient été Zemmour ou encore Houellebecq, obligé de fuir Paris sous protection policière parce qu’en infraction avec la Charia.

Unité nationale sur l’hommage à rendre aux victimes ? Leurs dépouilles étaient encore sur les lieux des attentats que l’on entendait déjà sur les ondes les appels à éviter les amalgames. Quel manque d’à propos, quelle indécence, mais pourquoi une telle crainte ? Les faits sont têtus avait dit Lénine, floraison printanière sur Twitter de #JeSuisKouachi, « Jeunes issus de la diversité » mimant des tirs d’arme à feu face caméra, louanges bruyantes et feux d’artifices à la gloire des terroristes, minutes de silence perturbées au son de « Allahu Akbar », une quantité faramineuse de « bien fait pour eux » qui ne sont pas des cas isolés comme on tendrait à nous le faire croire. L’amalgame ce n’est pas nous, c’est eux.

Unité nationale de nos politiques ? A l’évidence non. Par la bêtise conjuguée du parti socialiste et du front national, 25% de l’électorat a été déclaré persona non grata. Dans un superbe élan mondialisto-bisnounours, nos dirigeants ont défilé aux côtés des membres de l’OTAN responsables du chaos au moyen orient et de la montée du fondamentalisme, du premier ministre turc, des autorités ukrainiennes qui ne cachent pas leurs apointances avec les néonazis… Quel symbole d’unité ! Et chacun d’y aller de son grain de sel, manifester pour son unité nationale, à l’instar de Clémentine Hautain qui a appelé à manifester contre le racisme et la haine. Quel symbole d’unité quand les juifs de France préfèrent quitter Paris pour aller habiter à portée de tir des roquettes du Hamas …

Alors, oui, la marche du 11 janvier était indispensable, oui, la marche du 11 janvier était belle, oui, la marche du 11 janvier était émouvante, oui, la marche du 11 janvier a permis au peuple de prendre la pas sur le politique. Mais l’unité nationale ce n’est pas que le 11 janvier, et ça ne se décrète pas. Car dans ce gigantesque maelstrom de bons sentiments les français se sont achetés une unité nationale à peu de frais, loin de celle qui a poussé le bouffeur de curé et le paysan dévot à perdre sang et larmes côtes à côtes dans les tranchées de Verdun.

L’unité nationale du 11 janvier était-elle morte avant d’être née ? Certainement pas, mais elle s’est réveillée agonisante car piétinée par quarante année de mise en exergue du communautarisme et de l’individualisme roi. Aujourd’hui nous sommes bercés dans la niaiserie « d’unité nationale autour de nos valeurs », mais savons nous seulement ce qu’elles sont ? Une valeur est par essence volatile, et l’actualité ne peut que me donner raison. L’unité nationale n’est pas la somme des valeurs de chacun. Pour construire la France de demain, celle qui combattra efficacement le terrorisme, c’est une communauté de conviction qu’il faudra forger, une France où l’unité nationale n’ira pas rejoindre le grand charnier des utopies.

Messieurs les politiques, le temps vous est compté …

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