Laïcité à double tranchant

Face au péril islamiste, nos dirigeants n’ont plus qu’un seul mot en bouche, une seule arme brandie à tour de bras et à même de terrasser toutes les causes de nos maux : la laïcité. Seul rempart contre l’obscurantisme et les dérives extrémistes.

L’esprit de la loi de 1905 auquel j’adhère est qu’il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César, dissocier le spirituel du temporel. Force est de constater que cette laïcité n’est plus celle dont on parle à tout va aujourd’hui, chacun y allant de sa conception en fonction de ses intérêts, philosophiques, religieux ou économiques.

En dépit des grandes formules incantatoires poussant au « vivre ensemble », médias et politiques opposent constamment croyants et pensants. Il y aurait en France deux catégories de citoyens : les esprits éclairés, libres, émancipés, et les autres, les arriérés. La dernière saillie d’Aurélie Filipetti appelant à « bouffer du curé », les exactions des femens, les profanations à répétition des lieux de cultes chrétiens me font dire qu’il existe une laïcité à deux vitesses. Une neutralité bienveillante à l’égard de ceux qu’il convient de respecter, et un open-bar aux allures de jeu de massacre pour les autres. La laïcité est devenue pour certains un « laïcardisme » aveugle, et revanchard. A la différence de la laïcité souhaitée en 1905, son évolution naturelle a conduit à une détestation profonde de nos racines, et à une stigmatisation d’une partie de la population. Tout comme il est difficile pour un politique de faire référence aux racines chrétiennes de l‘Europe, il est tellement facile de moquer les « cathos . Cette laïcité pourrait devenir la pelle des fossoyeurs de la France, en lieu et place de son ciment social.

En passe de devenir une nouvelle religion érigeant la neutralité comme la normalité, nos politiques sont en train de préparer le terreau du radicalisme. Confrontés au consumérisme et à la culture de l’avoir, il n’est pas étonnant que certains jeunes retrouvent dans la « Oumma » une nourriture spirituelle pour répondre au  besoin vital de transcendance. La laïcité n’est plus un outil de la cohésion sociale, elle n’est qu’un point de fixation idéologique agité naïvement par les politiques. Elle ne nous protègera pas de l’islamisme, pas plus que la ligne Maginot ne nous a épargné l’invasion nazie.

S’il existe bien des fondements idéologiques républicains sensés nous protéger de l’islamisme, la laïcité version 2015 n’en fait pas partie, et ce n’est pas la fête de la laïcité érigée par Hollande ni même le culte de l’être suprême qui apprendront aux fils et filles de France à aimer notre pays. Non, ce n’est pas la laïcité qui apprendra à Ahmed, 8 ans à mesurer la portée de son apologie du terrorisme. Non, ce n’est pas la laïcité qui empêchera des énergumènes de brûler le drapeau français de l’école d’Ajaccio pour le remplacer par un drapeau marocain. La laïcité version 2015 est en train de tuer la nation qui l’a engendrée, alors messieurs les politiques, il est grand temps de hiérarchiser et d’appliquer nos principes républicains.

Vous avez dit complot ?

A l’heure où nos concitoyens ne se sont toujours pas remis des terribles attentats qui ont frappé la France la semaine dernière, j’ai été extrêmement surpris par la résurgence des théories complotistes. Les attentats n’auraient pas vraiment eu lieu, ils auraient été commandités par le gouvernement français et les juifs… Et tant que nous y sommes par des illuminati reptiliens, roux et adeptes du Grand Orient. De là à penser qu’Hitler est maintenu en congélation artificielle dans un laboratoire en Antarctique et que Barack Obama est manipulé par des Vulcains, il n’y a qu’un pas, alors… Méfions nous.

La première réaction de tout être humain normalement constitué est la consternation, comment peut-on, comment ose-t-on ? Les théories les plus fantaisistes avaient déjà fleuri après les attaques du 11 septembre 2001, et force est de constater que l’histoire est émaillée de théories du complot depuis que l’humanité est en capacité de la transmettre par écrit : la descendance imaginaire du Christ, le masque de fer, la survie de Louis XVII, le vol du corps de Napoléon, le mystère de l’assassinat des Romanov en sont autant d’exemples, et Dieu sait si la liste est loin d’être exhaustive. Nous chérissons malgré nous et sans doute de façon inconsciente l’autre facette de l’histoire, celle que l’  « on » voudrait nous cacher. Cette soif de croyance alternative confine parfois à la pathologie. D’une part car l’on s’enorgueilli d’en savoir plus que le voisin et d’autre part car l’on croit sans doute accéder à une forme de plénitude, satisfaction pleine et entière du :« parce que nous, on sait ! »

La théorie du complot est un mal humain, et l’actualité se charge régulièrement de l’alimenter. La deuxième guerre d’Irak déclenchée par les Etats Unis a, pour ainsi dire, apporté de l’eau au moulin des adeptes de la théorie du complot. Quoi de pire qu’une guerre déclenchée au nom de la supposée présence d’armes de destruction massive, dont on apprendra par la suite qu’elles n’ont jamais existé. Comment accorder sa confiance à des dirigeants capables de tels mensonges. En France également, et dans une moindre mesure, le mensonge a été érigé en mode de gouvernement, en principe de vie. Que dire des innombrables promesses non tenues de François Hollande, que dire de Christiane Taubira présentant aux journalistes la preuve du mensonge qu’elle était en train de soutenir sur les écoutes de Sarkozy, que dire des Thévenoud, Strauss Kahn, Guerini, Balkany et autres Cahuzac. Non en France comme ailleurs, la confiance en nos dirigeants est plus qu’émoussée.

Ce mal humain, au XXIème siècle connait des vecteurs de propagation inédits. Il fallait plusieurs semaines il y a deux cents ans pour relayer une information de Paris à Marseille, aujourd’hui, en un clic, ou plutôt en un tapotement de doigt, on arrive à relier Tombouctou, New-York et Saint Bérain Sous Sanvigne. Pire, l’information, parfois réduite à 140 caractères est vidée de sa substance, les sources en sont invérifiables, la toile s’embrase, on publie, on retweete et c’est le « buzz ». Ajoutons à cela un terrible phénomène de mode, la supériorité incontestée de la petite phrase polémique sur le discours raisonné et le tour est joué. L’information est pré-machée, pour ne pas dire pré-digérée et prête à être transmise.

Dans ce contexte là, je ne m’étonne plus de voir jaillir les théories les plus farfelues. Si je ne peux que condamner de tels propos, je ne jette pas la pierre à ceux qui les relaient, d’autres que moi se chargeront de leur rappeler le minimum de décence à avoir vis à vis des victimes ; j’y vois plus un appel à enseigner, éduquer instruire et développer l’esprit critique de nos enfants, priorité autrement plus importante que de savoir si une fille peut mettre un pantalon et jouer aux petits soldats. Notre République, héritière des Lumières et de Saint Thomas d’Aquin  devrait urgemment quitter les fossés du libertarisme pour regagner le chemin de la raison.

Et l’unité nationale bordel !

Ce dimanche 11 janvier aura vu une mobilisation sans précédent du peuple français, plus de 4 millions de nos concitoyens sont descendus dans la rue pour exprimer leur indignation, leur soutien aux victimes et tant d’autres choses. C’est ce que l’on a appelé l’unité nationale. Unité dans le deuil oui, unité d’une nation non. Un tel mouvement est indispensable car il est un outil du deuil et un hommage nécessaire aux victimes, de là à en déduire qu’une unité nationale a été retrouvée le raccourci est trop facile pour ceux qui en ont été les fossoyeurs.

Unité nationale sur l’expression du deuil ? #JeSuisCharlie a connu un engouement inédit. L’émotion a pris le pas sur la raison. A titre personnel, je ne suis pas Charlie, mais j’aurai pu l’être, Charlie est un adversaire idéologique qui abhorre ce que je suis, et j’abhorre ce qu’il produit, mais nous avons une chose en commun, la liberté d’expression que nous accorde la République. C’est à ce titre que Charlie est aussi exaspérant qu’il est indispensable. Je me pose simplement la question de savoir si l’engouement aurait été tel s’il s’était agit de « Minute », si les victimes avaient été Zemmour ou encore Houellebecq, obligé de fuir Paris sous protection policière parce qu’en infraction avec la Charia.

Unité nationale sur l’hommage à rendre aux victimes ? Leurs dépouilles étaient encore sur les lieux des attentats que l’on entendait déjà sur les ondes les appels à éviter les amalgames. Quel manque d’à propos, quelle indécence, mais pourquoi une telle crainte ? Les faits sont têtus avait dit Lénine, floraison printanière sur Twitter de #JeSuisKouachi, « Jeunes issus de la diversité » mimant des tirs d’arme à feu face caméra, louanges bruyantes et feux d’artifices à la gloire des terroristes, minutes de silence perturbées au son de « Allahu Akbar », une quantité faramineuse de « bien fait pour eux » qui ne sont pas des cas isolés comme on tendrait à nous le faire croire. L’amalgame ce n’est pas nous, c’est eux.

Unité nationale de nos politiques ? A l’évidence non. Par la bêtise conjuguée du parti socialiste et du front national, 25% de l’électorat a été déclaré persona non grata. Dans un superbe élan mondialisto-bisnounours, nos dirigeants ont défilé aux côtés des membres de l’OTAN responsables du chaos au moyen orient et de la montée du fondamentalisme, du premier ministre turc, des autorités ukrainiennes qui ne cachent pas leurs apointances avec les néonazis… Quel symbole d’unité ! Et chacun d’y aller de son grain de sel, manifester pour son unité nationale, à l’instar de Clémentine Hautain qui a appelé à manifester contre le racisme et la haine. Quel symbole d’unité quand les juifs de France préfèrent quitter Paris pour aller habiter à portée de tir des roquettes du Hamas …

Alors, oui, la marche du 11 janvier était indispensable, oui, la marche du 11 janvier était belle, oui, la marche du 11 janvier était émouvante, oui, la marche du 11 janvier a permis au peuple de prendre la pas sur le politique. Mais l’unité nationale ce n’est pas que le 11 janvier, et ça ne se décrète pas. Car dans ce gigantesque maelstrom de bons sentiments les français se sont achetés une unité nationale à peu de frais, loin de celle qui a poussé le bouffeur de curé et le paysan dévot à perdre sang et larmes côtes à côtes dans les tranchées de Verdun.

L’unité nationale du 11 janvier était-elle morte avant d’être née ? Certainement pas, mais elle s’est réveillée agonisante car piétinée par quarante année de mise en exergue du communautarisme et de l’individualisme roi. Aujourd’hui nous sommes bercés dans la niaiserie « d’unité nationale autour de nos valeurs », mais savons nous seulement ce qu’elles sont ? Une valeur est par essence volatile, et l’actualité ne peut que me donner raison. L’unité nationale n’est pas la somme des valeurs de chacun. Pour construire la France de demain, celle qui combattra efficacement le terrorisme, c’est une communauté de conviction qu’il faudra forger, une France où l’unité nationale n’ira pas rejoindre le grand charnier des utopies.

Messieurs les politiques, le temps vous est compté …

De plume et d’épée

C’est dans ce contexte particulièrement dramatique que je lance ce blog. Un trait de plume supplémentaire pour exprimer idées et points de vues, coups de gueule et coups de coeur en ce lendemain du jour où la plume fut moins forte que l’épée.

C’est d’abord un hommage, que je souhaite rendre à toutes les victimes de cet attentat, les mots me manquent et certaines plumes meilleures que la mienne sauront sans doute mieux trouver les mots justes pour conjuguer ces sentiments mêlés de consternation et de détermination, de haine et d’amour, de terreur et de liberté.

Mon propos ne se veut pas coup d’épée mais constat, trait de plume sur une époque révolue, celle d’avant le 7 janvier 2015. La France a été frappée par le terrorisme, terrorisme qui n’est pas une fin en soi, mais une arme utilisée savamment au service d’un fanatisme. Ce fanatisme il faut avoir le courage de le nommer : l’islamisme. Il ne s’agit pas de l’islam tel que nous le concevons en France, ou plutôt tel que nous voudrions qu’il soit ; il s’agit d’une foi, d’une vision du monde mue par un  pouvoir autant spirituel que temporel à vocation expansionniste. Nous étions déjà en guerre mais nous ne le savions pas. Quelle peut être l’issue d’un conflit dont l’un des belligérants ignore l’existence? La France s’éveille avec douleur d’une léthargie en partie entretenue par nos plumes. Comment en est-on arrivé là ? L’heure n’est pas aux conclusions hâtives, aux amalgames, aux raccourcis et à la vengeance. Il faudra à nos responsables et au peuple français un certain temps avant d’analyser sereinement les différentes causes de cette guerre : immigration incontrôlée, haine de la patrie, relativisme, angélisme, vieilles lunes coloniales à faire taire, la peur de déplaire de heurter tant et tellement qu’elle en vient à taire la réalité. Un terreau favorable à autant d’explosifs que sont le contexte géopolitique au proche orient, la montée du fondamentalisme etc. Il ne manquait plus qu’un détonateur, un mot, parfois relayé sans compréhension par nos plumes.

Aujourd’hui l’heure est à l’union, demain à la lutte, et pour adopter les mesures nécessaires à la lutte qui nous attend, nos responsables devront tirer les conséquences de leurs actes passés. Et comme la plume a pu être un outil de notre léthargie nationale, gageons qu’après ce 7 janvier 2015 elle devienne l’outil de notre cohésion nationale, plus forte que l’épée